Natiora Defenders

Pierson VOATAHY– LA VOIX DES PECHEURS - Natiora Defenders
Image

Pierson VOATAHY

LA VOIX DES PECHEURS

VOI Miray hina - Mahajanga 2, Région Boeny

Président de l'association des pêcheurs MIRAY HINA

« Avant, j’étais un pêcheur parmi d’autres, utilisant des engins non conformes, mais cela a changé lorsque j’ai été élu président de l’association des pêcheurs en 2020. »
Rencontrez Pierson, président de l’association des pêcheurs MIRAY HINA Ambodimadiro, à Mahajanga 2. Son parcours est fascinant : autrefois pêcheur utilisant des engins nocifs qui mettaient l’océan en danger, Pierson est aujourd’hui un défenseur passionné des océans. Nous lui avons demandé de partager son histoire et ce qui l’a amené à comprendre l’importance de la pêche durable.

« Je suis un défenseur de l’océan engagé dans la protection de nos ressources naturelles. Avant, j’étais un pêcheur parmi d’autres utilisant, des engins non conformes, mais cela a changé lorsque j’ai été élu président de l’association des pêcheurs en 2020. Aujourd’hui, je mène le combat pour protéger l’océan et sensibiliser les autres aux dangers des pratiques de pêche néfastes. Je connais quelques pêcheurs qui partagent mon engagement et j’ai encouragé d’autres à se joindre à la cause. Nous avons porté notre association à plus de 100 membres, mais seulement une vingtaine d’entre eux respectent réellement les normes. Avant de devenir qui je suis aujourd’hui, j’ai été inspiré par des personnes incroyables. Les chefs de village, Olobe et Sojabe, ainsi que certains des plus jeunes membres de notre association, ont tous joué un rôle important dans l’élaboration de mon parcours. »

Depuis qu’il est devenu défenseur des océans, Pierson a connu son lot de hauts et de bas. Sans hésitation, il a partagé l’une de ses mésaventures en tant que héros de l’océan.

«En tant que leader luttant contre l’utilisation d’équipements de pêche illégaux, j’ai été confronté à de nombreux défis. J’ai signalé ces problèmes à nos partenaires, qui ont ensuite informé les autorités. Un jour, des surveillants de pêche sont venus vérifier l’utilisation d’équipements interdits, comme les filets « Malira », trop petits et nocifs pour les jeunes poissons, et les outils « Treko » utilisés pour la collecte des crabes. Ils ont rassemblé les pêcheurs pour les interroger sur ces pratiques. Même si je ne pouvais pas répondre directement à leurs questions, j’ai admis que cet équipement était utilisé, même si j’avais peur de m’exprimer ouvertement. Lors de leur inspection, les surveillants ont découvert des pêcheurs utilisant des engins illégaux pendant la période de fermeture et les ont réprimandés. Quelques jours plus tard, des gens de la communauté, bouleversés par cette situation, ont tenté d’incendier ma maison, me forçant à fuir pendant deux semaines. J’ai raconté ce qui s’était passé au maire et il m’a conseillé de revenir et de régler le problème. Même maintenant, ceux qui sont mécontents de mes actions continuent de me harceler. Malgré ces défis, je choisis de poursuivre mon travail pour protéger l’océan, car c’est notre principale source de revenu. De plus, il est crucial que nous veillions à ce que les générations futures héritent d’un océan sain et prospère. »

L’océan abrite de nombreuses espèces, dont beaucoup sont rares et menacées. Lorsqu’on a demandé à Pierson de choisir une espèce qu’il aimerait particulièrement protéger, il n’a pas hésité et en a cité trois.

« Tout d’abord, je choisirais le « Kilandy », une espèce d’oiseau blanc qui vit au bord de la mer. Leur habitat est souvent considéré comme précieux, voire sacré, d’où la nécessité de les protéger. Les « Kilandy » sont peu nombreux et sont également des espèces protégées. Nous avons désigné leur habitat, situé dans le village d’Ambodimadiro, comme zone protégée.
Deuxièmement, je choisirais un endroit appelé « AMPANDRIAMPANIHY », où vivent les chauves-souris. Cette zone est protégée car elle procure des revenus à notre association grâce aux activités touristiques.
Et enfin, je choisirais aussi de protéger les mangroves. Elles abritent de nombreuses espèces, séquestrent du carbone et fournissent un air incroyablement pur à tous les êtres vivants. »

Pierson est profondément préoccupé par les dangers engendrés par l’application des techniques de pêche non durables et il a choisi cette voie comme mission de sa vie. Lorsqu’on lui a demandé de partager l’une de ses réalisations notables en tant que défenseur des océans engagé dans la lutte contre les pratiques de pêche néfastes, il a fièrement raconté :
« J’ai utilisé des techniques de sensibilisation à grande échelle en tant qu’agent communautaire dans notre village. J’ai expliqué aux autres que l’utilisation de matériels non conformes, comme les moustiquaires de moins de 25 millimètres, les moustiquaires « Malira » et « Treko », détruisent les espèces marines et endommagent leurs œufs, ce qui pourrait éventuellement conduire à leur extinction. Grâce à mes efforts, certaines personnes ont changé leurs pratiques et m’ont rejoint dans la lutte, mais malheureusement, il y en a encore qui persistent dans leurs activités illégales en raison d’intérêts financiers. »
Le travail que Pierson a choisi de faire est loin d’être facile, et obtenir le soutien du gouvernement n’est pas toujours garanti, même lorsque les résultats sont impressionnants. A ce sujet, il a évoqué les principaux défis auxquels il est confronté dans l’exercice de ses responsabilités.
« Lorsque je signale des problèmes, ils restent souvent sans réponse et je ne reçois aucun retour. De plus, comme notre village est éloigné, je n’ai pas toujours les ressources et je ne sais pas où envoyer mes rapports pour m’assurer qu’ils sont pris en considération. J’ai aussi besoin que mon travail soit reconnu pour que du soutien puisse me parvenir. Par exemple, avoir un certificat ou un badge prouvant que je suis un défenseur de l’océan démontrerait aux autres mon engagement à protéger l’océan. De plus, défendre l’océan est un travail à haut risque et nous avons besoin d’une assurance, que ce soit pour la sécurité ou la maladie. Mais encore, les défenseurs de l’océan devront avoir un accès gratuit aux soins nécessaires s’ils sont blessés à cause de leur travail. Ils ont besoin de centres médicaux qui les reconnaissent et les soignent sans contrepartie. Avoir une carte de pêcheur serait également utile, cela nous rendrait facilement reconnaissables par les surveillants de pêche. Enfin, et c’est peut-être le plus important, nous avons besoin d’équipements qui répondent à nos besoins, des outils à la fois efficaces et adaptés aux défis auxquels nous sommes confrontés. Si tous ces problèmes sont résolus, je suis convaincu que davantage de personnes seraient désireuses de devenir défenseurs de l’océan.»
PIERSON, pirogues

Pour conclure notre discussion avec Pierson, nous lui avons demandé de partager un message destiné, de un, aux malfaiteurs de l’océan et de deux, à ses défenseurs.

« Premièrement, aux malfaiteurs des océans, je les encourage à protéger l’océan car c’est notre principale source de revenus et de nourriture. Avec peu d’autres possibilités d’emploi dans notre région, la préservation des écosystèmes marins est cruciale pour notre survie. Deuxièmement, aux défenseurs des océans, je vous encourage à continuer : ne vous découragez pas et n’abandonnez pas ! Continuez à protéger l’océan, quels que soient les défis auxquels vous êtes confrontés. »