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Gamal Mouktar – Le Pharaon de l’Île Heureuse (Nosy Faly) - Natiora Defenders
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Gamal Mouktar

Le Pharaon de l'Île Heureuse

LMMA Manongalaza, Nosy Faly - Ambanja, Région Diana

Pharaon de l'Île Heureuse

« Désormais, plus rien ne m’empêchera de défendre l’océan, surtout quand je commence à voir que les résultats de mes efforts ne sont plus invisibles. »

Gamal, un pêcheur courageux de Nosy Faly, dans le district d’Ambanja, appartenant à la région de Diana, est connu pour son grand dévouement à la conservation marine qu’il mène depuis plus de dix ans. Il est également un membre actif du LMMA Manongalaza et de la FUP-BATAN ou « Fédération des Pêcheurs Unis de Baie d’Ambaro, Tsimipaika, Ampasindava et Nosy-Be », qui a pour mission principale d’alerter les autorités sur les actes criminels envers les ressources naturelles marines. Gamal est fier de faire partie d’une telle organisation et il adore son travail. Il dit joyeusement:

« J’adorais passer mes vacances dans notre campagne quand j’étais enfant. Je pense que mon amour pour la nature a commencé à ce moment-là et n’a cessé de grandir depuis. Aujourd’hui, je suis particulièrement passionné par les écosystèmes marins, je mets ma vie en danger rien que pour les protéger. »

Gamal est un homme sévère, surtout quand il s’agit de protéger les écosystèmes marins. C’est d’ailleurs la raison pour laquelle le surnom de « Pharaon de l’Île Heureuse » lui a été donné. Lorsqu’on lui a demandé les raisons pour lesquelles il veut à tout prix protéger les écosystèmes marins, il a répondu :

« Je ne protège pas l’océan lui-même, je protège toutes les espèces vivantes qui en dépendent afin que nos descendants puissent également en hériter. Les espèces marines sont une richesse et je constate qu’elles diminuent dangereusement. Je ne parle pas seulement du nombre d’espèces, mais aussi de la qualité de leur habitat. Si nous laissons chacun faire ce qu’il veut, la situation empirera de jour en jour, et cela continuera encore et encore jusqu’à ce que nous n’ayons plus rien à donner à nos enfants. »

Gamal explique que l’océan n’appartient à personne, mais que chacun a le droit de profiter des produits qu’il offre. C’est une richesse commune, elle appartient aux communautés locales, aux pêcheurs et aux établissements publics. Il a déclaré:

« Tout le monde peut aller pêcher en mer ou dans les mangroves, mais on ne peut plus en faire trop, c’est pour ça que les patrouilleurs existent partout aujourd’hui. Honnêtement, c’est un travail difficile. Pour en être un, il ne faut pas seulement aimer l’océan, il faut aussi beaucoup de courage et d’audace. Vous devez affronter des malfaiteurs et ils portent souvent des armes telles que des fusils, de gros couteaux ou des pierres. Mais cela n’empêche pas les patrouilleurs de faire leur travail. Depuis que nous existons, l’état des écosystèmes marins s’améliore de jour en jour et puis surtout, notre travail plaît aux gens. Nous, défenseurs des océans, sommes connus et très appréciés, les locaux nous félicitent toujours pour notre excellent travail. Honnêtement, c’est satisfaisant et encourageant. Désormais, plus rien ne m’empêchera de défendre l’océan, surtout quand je commence à voir que les résultats de mes efforts ne sont plus invisibles. »

Gamal ne protège pas une espèce en particulier, il donne la priorité à celles que le gouvernement classe comme les plus menacées. De plus, il se réfère toujours aux lois de la communauté énoncées dans le « dina ». Il a fièrement raconté une histoire captivante sur la façon dont ils ont influencé le gouvernement à adopter un nouveau décret régional.

« Cela s’est passé en 2003. Dans la région de Diana, il fut un temps où les pêcheurs vivaient principalement du maquereau. Le problème est que ces espèces sont très fragiles et migrent très rapidement vers d’autres zones lorsque la leur est légèrement modifiée. Nous avons donc délimité la zone où se trouvent les maquereaux pour les protéger et les empêcher de se déplacer. Cette mesure connut un grand succès et devint partie intégrante du dina, avant de devenir un décret régional. Je pense que cette loi n’est plus d’actualité, mais elle devrait être rétablie car les conséquences qui en ont résulté ont été très positives. »

Gamal a été interrogé sur les principaux problèmes qu'il rencontre dans son travail de patrouilleur. Il a répondu:

« Je dois admettre qu’être patrouilleur n’est pas facile du tout. Outre le danger de rencontrer des braconniers marins, nous manquons de beaucoup d’équipements. Ceux-ci incluent des vedettes rapides et de petits objets de première nécessité comme des jumelles et des appareils photo. Et ce n’est pas tout. Nous sommes très peu nombreux. Je suis sûr que lors de plusieurs de nos patrouilles, différents actes criminels se produisent simultanément, mais dans des zones différentes. Comme nous ne sommes pas assez nombreux et que nous n’avons pas assez de vedettes, nous ne pouvons arrêter que les malfaiteurs qui ont le malheur de se trouver sur notre chemin. »

Encore une fois, Gamal a été invité à raconter des anecdotes intéressantes survenues au cours de sa carrière. Sa réponse était très intéressante :

« Les histoires les plus mémorables sont celles qui incluent des rencontres avec des braconniers. Un jour, alors que nous étions en patrouille, nous avons rencontré des Braconniers. Ils étaient particulièrement dangereux, faisant tout pour s’enfuir, et ont fini par jeter un bidon d’essence de 20 litres sur notre bateau qui a pris feu. Bien sûr, ils ont pu s’échapper car nous étions trop occupés à sauver notre peau. Beaucoup d’entre nous ont été grièvement blessés ce jour-là.»

GAMAL

Face à ces problèmes, Gamal a expliqué ce dont ils avaient besoin pour être plus sûrs et plus efficaces dans l'exercice de leur travail :

« Tout d’abord, nous avons besoin de plus de patrouilleurs et de plus de vedettes rapides pour pouvoir couvrir plus de zones à la fois. Ensuite, nous avons besoin de plus d’équipements, comme des jumelles et des appareils photo, comme je l’ai déjà mentionné. Plus notre équipement sera performant, plus les malfaiteurs nous craindront et moins ils agiront. En plus de tout cela, des lois visant à protéger les défenseurs des océans devraient être mises en place. Enfin et surtout, nous avons besoin de financement, car le manque d’argent est pour nous un véritable obstacle en ce moment. »

Et enfin, en réponse à la demande « donner un message au monde », Gamal a répondu :

« Nous avons besoin de plus de patrouilleurs, mais les dangers du métier empêchent les gens de devenir comme nous. C’est pourquoi nous avons plus que jamais besoin de soutien, notamment en matière de sécurité. De plus, même si nous sommes motivés à faire du bon travail, nous ne pouvons pas le faire efficacement parce que nous manquons de matériel. Les ONG font de leur mieux pour nous aider, mais cela ne suffit pas. Et enfin, les lois écrites doivent être appliquées et non seulement gravées et conservées dans des documents. »

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