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ALEXANDRE – Le Ranger des Littoraux - Natiora Defenders
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Alexandre

Le Ranger des Littoraux

VOI Mandresy - Antalaha, Région SAVA

« Si nous recevons l’aide dont nous avons besoin, dans dix ans, chaque défenseur de l’océan verra un grand changement dans sa communauté. »

C’est ce qu’Alexandre a affirmé avec conviction. Autrefois un simple pêcheur à Madagascar, il est aujourd’hui bien plus que cela – il est un défenseur engagé de l’océan. En tant que président de la VOI Fandrosoana (communauté de base) dans la commune d’Ambohitralanana à Antalaha, il assure le rôle important de protéger l’océan. Il a partagé son histoire avec nous :

« J’étais juste un pêcheur ordinaire, faisant mon travail et respectant les règles. J’utilisais des outils de pêche respectueux de l’environnement. Je suis devenu pêcheur parce que mon père l’était, et avec ma formation, je n’avais pas beaucoup d’autres options. Mais maintenant, je suis le président de la VOI Fandrosoana et je me consacre à la défense de l’océan. Je suis devenu un fervent défenseur de l’océan, protégeant les ressources marines de tout danger afin que les futures générations puissent en hériter. A part cela, j’assure le rôle important d’écouter la voix de la communauté et je mène une grande lutte contre ceux qui ne respectent pas les règles de la pêche, surtout dans la mangrove. »
En 2022, Mosesy a reçu un prix lors de la célébration internationale de la pêche à Ambovombe. Il était le seul gagnant de la région sud-ouest. Le directeur de Pêche d’Ambovombe l’a choisi pour représenter son village et parler des défis et des efforts fournis par le LMMA dans le sud-ouest. La communauté locale doit s’engager d’avantage dans la protection de l’écosystème marin. Mosesy a abordé ce sujet et a reçu de nombreuses questions car ses pairs étaient curieux et fascinés.

Il a remporté la première place et a apprécié partager ses compétences et ses connaissances. Il se souvient d’une femme de Tuléar qui lui a dit : « Merci, Monsieur le Président ; sans votre orientation, nous n’aurions aucune connaissance de la conservation marine. » Sa gratitude sincère et son appréciation le touche encore profondément.

Alexandre a partagé avec plaisir les exploits qu’il a accomplis à travers son association :

« Certains des membres actuels de notre association faisaient partie de ceux qui ne respectent pas les règles de la pêche. Aujourd’hui, nous sommes entre 30 et 40 membres, tous de braves protecteurs de l’océan. Une de nos principales tâches est de surprendre et arrêter ceux qui coupent les bois de mangrove. Nous travaillons à tour de rôle chaque jour pour qu’aucun malfaiteur ne nous échappe. Nous collaborons avec deux officiers pour renforcer notre autorité. Ceux qui coupent un arbre dans la mangrove doivent en planter vingt autres et s’assurer que ceux-là poussent convenablement. A part les patrouilles dans la mangrove, nous menons également des campagnes de sensibilisation auprès des villageois et faisons du plaidoyer. »

Quand nous avons demandé à Alexandre pourquoi il est si passionné par la conservation de l’océan, il a expliqué :

« La principale raison est de protéger les espèces marines de l’extinction. Sans elles, nous n’aurons rien à manger, rien à vendre. Beaucoup sont aujourd’hui en danger, et nous devons les sauver pour qu’elles puissent prospérer à nouveau et aider notre région à se développer. Etant pêcheur depuis longtemps, j’ai vu la quantité des espèces diminuer chaque année. Si je devais choisir une espèce particulière à protéger, ce serait certainement les crabes étant donné qu’elles constituent le principal gagne-pain chez nous. Si ces espèces sont si importantes à mes yeux c’est parce qu’elles ont deux grandes responsabilités : la subsistance des habitants et leur source financière. Il est donc évident que je tiens spécialement à la mangrove vu qu’elle abrite les crabes et leurs œufs, sans compter qu’elle protège les villages côtiers. Une autre raison pour protéger l’océan, ce sont mes enfants. Certains sont déjà grands et indépendants, mais d’autres sont encore à l’école. Si jamais ils ne réussissent pas leurs études, la pêche serait sûrement leur dernier recours. C’est pourquoi nous devons protéger l’océan et ses ressources.»

Alexandre et ses collègues défenseurs de l’océan ont fait une grande différence dans leur communauté. Il a fièrement décrit leur impact :

« Nous avons beaucoup de défenseurs de l’océan dans notre village, et vous pouvez voir la différence entre nous et le village voisin, qui n’en a pas. Nous faisons encore face à des défis, mais ils ont encore plus de difficultés que nous. Tout cela c’est grâce au travail acharné des défenseurs de l’océan, et j’en suis vraiment fier. »

Malgré leurs efforts, les défenseurs de l’océan comme Alexandre ne reçoivent pas beaucoup de reconnaissance ou d’aide. Il a expliqué ce dont ils ont besoin :

« Notre principal problème est le manque d’équipement comme des vedettes rapides, des jumelles et des téléphones équipés de GPS. Cela nous aiderait à mieux travailler, mais comme nous ne sommes pas très connus, il est difficile d’obtenir le soutien dont nous avons besoin. »

Être un défenseur de l’océan est difficile et parfois dangereux. Alexandre a partagé deux expériences effrayantes qu’il a vécues:

« La première fois, c’était quand j’étais vice-président des défenseurs de l’océan. Nous avons eu une altercation avec des personnes qui enfreignaient les lois maritimes, et il y a eu des blessés des deux côtés. Ils nous ont dénoncés aux autorités, accusant mon groupe d’avoir nui à leurs activités. J’ai fini par passer une nuit en prison. La deuxième fois, c’était en décembre 2022, juste un mois après que je sois devenu président de notre association. Quelqu’un a incendié ma maison. Encore aujourd’hui, je reçois des menaces, mais je les ignore parce que je veux continuer à protéger l’océan et à faire développer notre zone. Il faut à tout prix empêcher la disparition des espèces marines.»

Avant de terminer notre conversation, Alexandre avait des messages pour le gouvernement, les ONG et ses collègues défenseurs de l’océan :

« Au gouvernement, je veux dire que les défenseurs de l’océan font une partie de votre travail, donc nous avons besoin de votre aide. Nous protégeons l’océan, et en retour, nous devrions recevoir votre protection. Aux ONG, nous faisons déjà un très bon travail, mais nous avons encore besoin de plus d’aide, comme de meilleurs équipements et des partenariats solides. Votre aide renforcera notre espoir pour l’avenir de notre région. Et à mes collègues défenseurs de l’océan, ne lâchez pas. Un jour, nos efforts porteront leurs fruits et nous améliorerons la vie de nos communautés. »

Alexandre a terminé avec un message d’espoir :

« Si nous recevons l’aide dont nous avons besoin, dans dix ans, chaque défenseur de l’océan verra un grand changement dans sa communauté. »

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Antananarivo, Madagascar
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